Quantcast
Channel: Commentaires sur : Rendre la honte encore plus honteuse !
Viewing all articles
Browse latest Browse all 20

Par : Leo

$
0
0
<p>L’organisation du travail humain (informatisé) et la gestion des flux de marchandises (numérisés) sont des lieux sociaux privilégiés pour reconnaître le déploiement du contrôle sur les lieux de production industrielle et en aval de ceux-ci. La croissance de l’infrastructure numérique, actuellement très rapide, ne signifie donc pas que nous sommes libérés des contraintes industrielles, mais plutôt que la gestion de celles-ci demande de plus en plus de travail.<br /> <br /> La mise en œuvre des techniques industrielles nécessite toujours plus de capitaux financiers, qu’ils soient d’origine publique, privée, ou -cas le plus fréquent- une alliance des deux. Pour pouvoir passer à une vitesse supérieure dans un cadre de travail industriel, il faut motiver les changements sociaux qui permettront aux personnes d’ajuster leurs vies à cette vitesse. L’argent est alors une façon d’intéresser les acteurs de ces changements (cf. les salaires des salariés du secteur « Conseil et assistance » vus précédemment). Par la médiation de l’argent, les premiers concernés par les changements techniques ne seront pas les experts et les spécialistes qui mettront en œuvre concrètement ces changements. Ainsi le déploiement des logiques industrielles est intimement lié à la marchandisation du travail. Ingénieurs, consultants, techniciens, ouvriers ou simples opérateurs, sont autant de forces disponibles à la vente sur un marché, peu regardantes sur les finalités du projet d’ensemble auquel elles participent. Un passage prolongé par l’école produit les dispositions nécessaires à ce rôle de rouage. Et bien sûr, l’argent permet aussi de se procurer les différents éléments matériels nécessaires (machine, outils, etc.). Par ailleurs, le coût élevé de la main-d’oeuvre encourage spécifiquement l’usage des techniques industrielles (démultipliant la production par unité de main d’oeuvre), plutôt qu’un autre genre de technique (limitant la productivité). Inversement, la nécessité de rentabiliser les coûts fixes des infrastructures industrielles entraîne la nécessité d’augmenter « la charge de consommation » de la main-d’œuvre, donc d’augmenter le salaire rendant possible cette augmentation de la consommation. Il en résulte une accélération qui menace le système dans son ensemble, sous la forme d’une envolée du coût de la main d’oeuvre (c’est-à-dire les salaires). C’est pourquoi l’existence permanente d’un taux de chômage minimum, de flux de main d’oeuvre internationaux (migrations économiques) et, plus généralement, d’une stratification sociale, tout cela constitue une condition de possibilité indispensable à l’usage des techniques industrielles. Ces éléments ne sont donc pas des effets malheureux que l’on pourrait contrôler ou limiter sur le long terme (par un Etat).<br /> <br /> Le schéma de pensée est toujours le même, il est linéaire et ternaire, sur le mode d’un syllogisme péremptoire : la révolution technique entraîne une révolution socio-économique, donc il faut tout remettre à plat, les secteurs de la culture, de la recherche, de la création et de l’enseignement. Hier, il s’agissait de déréguler les tuyaux, aujourd’hui l’enjeu ce sont les contenus et les idées. <br /> <br /> La dite « révolution numérique » – qui n’est pas une nouveauté, mais date des années 60-70 - est convoquée comme un prétexte pour enclencher la mutation socio-économique recherchée.<br /> En effet, le « numérique » ne désigne que la rencontre des télécoms et de l’informatique démarrée dans les années 60 et qui consiste à passer de l’analogique à la numérisation des données, de la voix, des images et des sons, permettant une convergence des techniques.<br /> <br /> Mais le numérique a été érigé au rang de mythe rationnel indiscutable pour légitimer des politiques qui, elles, sont fort discutables. En fait, la naturalisation de la technologie permet aux pouvoirs de la manier comme un discours de la causalité fatale, une sorte de Destin à accomplir. La technique instrumentalisée comme un fatum, « nécessiterait, exigerait »…, comme si elle était extérieure à la société qui l’engendre. Le déterminisme et le progressisme technologique sont la nouvelle idéologie des temps contemporains. C’est l’éternel retour de la fiction Frankenstein où le produit se retourne contre son producteur et le domine. Faut-il rappeler une fois encore que les développements techniques sont toujours des choix de société, des « bifurcations », comme l’ont bien montré les travaux de Bertrand Gille, d’Ernst Bloch et plus récemment d’Ellul ou d’Alain Gras.<br /> <br /> Ce discours surplombant sur " l’économie et la société de la connaissance " et de l’immatériel est une nouvelle idéologie. Elle cherche à caractériser l’étape actuelle du développement du capitalisme post-fordiste, financiarisé et globalisé - ce que les rapporteurs nomme le " passage de l’économie industrielle à l’économie immatérielle ".<br /> <br /> Au nom du dogme managérial dont traite si bien Pierre Legendre dans toute son oeuvre, le capitalisme cognitif vise à vampiriser toute la sphère de l’esprit et de l’imaginaire dans le travail, l’entreprise et dans la vie quotidienne. Cette nouvelle économie dite de l’intelligence et de la connaissance, porte bien son nom, si l’on veut bien entendre qu’elle vise à produire l’économie de l’intelligence. Elle n'est qu'une extension du capitalisme croissantiste à la sphère de l'esprit, dont l'imaginaire est déjà si colonisé par les phantasmes de ce monde qu'il ne parvient plus à s'imaginer d'autre avenir. C'est la prison négative entre les murs de laquelle nos pensées sont autorisées à errer.<br /> <br /> Votre altermondialisme n'est pas le nôtre, le vôtre sert bien trop les intérêts de ce monde. Vous le comprendrez à travers la convergence de la matrice idéologique venue des Lumières, eux-mêmes savaient que le ver est logé au coeur de la pomme du progrès. De ces considérations et de votre schéma de pensée, il me semble déceler des éléments d'idéalisme primaire dans votre pensée, se répétant sous une forme tautologique à travers la répétition de lieux communs. Raison sans doute pour laquelle vous serez l'altermondialisme récupéré à l'avenir.</p>

Viewing all articles
Browse latest Browse all 20

Trending Articles